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Ce post participe au carnaval d’articles sur le thème des apprentissages autonomes organisé par le blog apprendre par le jeu dont vous pouvez lire l’article l’importance du jeu dans le développement de l’enfant.
Il a pour objectif d’apporter des pistes de réflexion pour les parents qui souhaiteraient laisser leur enfant apprendre seul en s’appuyant notamment sur les apprentissages autonomes.
Les apprentissages autonomes font référence à ce que l’on appelle l’« unschooling » ou encore l’apprentissage naturel. Ils diffèrent de l’« homeschooling » dans laquelle l’enfant n’est pas scolarisé, certes, mais peut respecter stricto sensu le programme scolaire officiel pour son apprentissage (les parents, ou tout autre personne, pouvant se substituer aux enseignants).
Les apprentissages autonomes consistent à laisser l’enfant libre d’apprendre quand il en a envie, sans programme, ni horaires prédéfinis. Tout peut-être un prétexte pour apprendre et à n’importe quel moment : à la maison, en vacances… Le jeu libre tient une place très importante.
« L’apprentissage autonome a pour objet de créer les occasions et favoriser les expériences devant permettre l’enfant de devenir des apprenants capables, autonomes et motivés, et ce tout au long de leur vie ». Cyril Kesten – Independant Learning 1987
N’est-ce pas ce que souhaite tout parent ?
L’enfant apprend selon ses centres d’intérêts et les questions qu’il se pose selon son propre vécu. Tant que celui-ci est enthousiaste, il apprend.
Amour, confiance et liberté sont les maîtres mots de cette approche.
Le principe est que tous les enfants sont capables d’apprendre par eux-mêmes, de s’autoéduquer sans l’intervention systématique d’un tiers car ils ont le besoin naturel de comprendre le monde qui les entoure, d’acquérir des connaissances, des aptitudes et de les utiliser.
Cette forme d’apprentissage, fort constructif pour les enfants nécessite un environnement approprié et le rôle des parents ou des « intervenants » est primordial.
Deux conditions essentielles
- De la disponibilité et un état d’esprit

Le parent est attentif aux centres d’intérêt et aux besoins de son enfant. Il observe l’enfant et sa démarche.
Il crée et propose constamment un environnement propice pour ses apprentissages. La mise en avant des aspirations de l’enfant est importante.
Les éléments proposés sont facilement accessibles.
L’enfant contrôle et est responsable de ses apprentissages qui répondent, non seulement, à ses besoins en tant qu’individu mais, aussi, en tant que membre de la société. Le parent est un guide ou encore un facilitateur.
L’enfant apprend à se respecter et à respecter les autres. Le respect de règles n’est pas en reste.
Le facilitateur fait entièrement confiance à l’enfant qui apprend à son rythme. L’âge de l’enfant et ses apprentissages n’ont aucun lien entre eux. Le parent sait se remettre en question et il répond aux questions de l’enfant de façon précise. Idéalement, l’intervenant n’aide l’enfant que si celui-ci le demande.
Le parent et l’enfant font équipe. Il fait participer l’enfant à sa vie de tous les jours. Par exemple, il lui fait visiter son lieu de travail et il partage ses centres d’intérêts et ses tâches quotidiennes.
Le parent est aussi curieux. Il montre à son enfant que lui aussi est capable d’apprendre et il apprend avec lui le cas échéant.
L’attitude du guide est essentielle. Il donne l’exemple en mettant en pratique ce que lui-même a appris. Comme cela, il montre comment ce qu’il vient d’apprendre répond à son propre besoin. La démarche est bien-sûr la même lorsque le guide recherche une information, par exemple.
Le parent ou le facilitateur a une approche bienveillante et responsable sans récompenses ni punitions. Il connaît ses propres forces et faiblesses comme il connaît celles de l’enfant d’un point de vue intellectuel, social ou encore émotionnel.
S’il est allé à l’école (Il y a de grandes chances 😊), il fait abstraction de la façon dont il a appris pour éviter de la transmettre. Il est patient, confiant, sait lâcher prise et soutient l’enfant quoi qu’il arrive.
Un travail sur soi peut parfois être nécessaire pour ne pas ou plus avoir d’attentes vis-à-vis des apprentissages de l’enfant : la règle étant que l’enfant apprend à son rythme, il faut savoir ne pas être anxieux, par exemple, si l’enfant ne sait pas lire à 7 ou 8 ans.
2. Un environnement et une ambiance propices



L’environnement encourage la motivation, la curiosité et le désir d’apprendre. L’enfant a librement accès à des ressources variées et pas forcément uniquement en lien avec les centres d’intérêt du guide ou des parents. Je cite John Holt auteur du livre – Les apprentissages autonomes – Comment les enfants s’instruisent sans enseignement – : « Les enfants apprennent naturellement si l’environnement leur permet de suivre leurs propres centres d’intérêts et que l’on met à leur disposition de nombreuses ressources ».
L’enfant découvre aussi ses centres d’intérêts. Il n’y a pas de matières telles que le français ou les mathématiques. Ces matières font partie intrinsèque des activités que l’enfant opère comme faire la cuisine, couper du bois, raconter des histoires, écrire…
Les lecteurs de cet article ont aussi lu : Comment s’inspirer de l’école Freinet à la maison ?
L’environnement lui permet de trouver aussi l’information qu’il recherche. L’entourage proche et moins proche est idéalement ouvert au partage.
L’enfant a une vie familiale et sociale riche c’est-à-dire qu’il apprend beaucoup en famille dans un cadre collaboratif et aussi avec les autres d’âge très disparate. Le partage, l’entraide et la coopération intergénérationnel font partie intégrante de son apprentissage.
L’enfant peut prendre part aux décisions et participer activement, s’il le souhaite, activement à la vie de famille qui regorge d’opportunités pour apprendre et pour fixer des objectifs : la nourriture et l’équilibre des repas, faire la cuisine, l’entretien de la maison, l’élaboration d’un budget, la mise en place d’un planning, le choix d’un lieu de vacances, les moyens de locomotion utilisés…
L’enfant doit être capable de fixer ses propres objectifs et de les atteindre.
Comment l’enfant apprend-il ?
L’enfant apprend par mimétisme. Il acquière des compétences qu’il pourra utiliser pour en acquérir d’autres. Il a besoin de comprendre le processus qui mène au résultat et de donner du sens.
Il apprend de ses expériences et tire ses propres conclusions. Ses apprentissages entrent dans un processus continu de développement.
L’enfant a une démarche scientifique naturelle.
John Holt dans son livre Les apprentissages autonomes-Comment les enfants s’instruisent sans enseignement : « Les enfants créent du savoir. Ils observent, pensent, spéculent, théorisent, testent et expérimentent en permanence et ils sont bien meilleurs que nous, adultes à ces tâches. L’idée même que nous pourrions enseigner à des enfants comment apprendre a fini par m’apparaître totalement absurde ».
Si l’enfant est passionné par ce qu’il fait, il peut passer le temps qui lui est nécessaire sans être interrompu.
Les conditions favorables pour un bon apprentissage sont le plaisir, l’absence de pression, la liberté et le temps.
L’objectif est de former des enfants autonomes, créatifs, confiants et déterminés qui continueront à s’instruire tout au long de leur vie.
L’idée est qu’ils puissent s’adapter aux contraintes d’une société en constante évolution tout en sachant prendre en compte leurs propres intérêts.
Ce n’est pas tant ce que les enfants apprennent mais la façon dont ils apprennent qui est important.
Les lecteurs de cet article ont aussi lu : Et si on abordait les matières scolaires sous un autre angle ?



A l’arrivée, faut-il donc laisser nos enfants apprendre seuls ?
Je répondrai : oui et …non.
Si vous êtes un habitué de jaimepaslecole.com, vous savez que je ne suis pas réfractaire à l’école si celle-ci permet à l’enfant de s’épanouir :). Je pense que l’accompagnement parental bienveillant dans l’apprentissage de l’enfant, en complément ou non de l’école, est un levier démultiplicateur de l’épanouissement de ce dernier.
J’avoue que je trouve dans les témoignages concrets d’apprentissages autonomes que j’ai pu voir beaucoup de qualités qui sont essentielles à mes yeux : épanouissement, ouverture, respect du rythme de l’enfant etc…
Néanmoins, pour pouvoir être déployée en totalité, cette approche nécessite de nombreux prérequis qui ne sont pas toujours aussi simples qu’on pourrait le penser :
- La possibilité de consacrer beaucoup de temps à l’apprentissage de l’enfant. Certaines situations familiales ne le permettent pas ou difficilement.
- Les parents ou les accompagnants doivent être à l’aise avec cette approche, en avoir l’esprit et en avoir l’envie. Si la seule pensée que votre enfant ne sache ni lire ni écrire à 7 ou 8 ans parce qu’il n’en a pas exprimé l’envie vous donne de l’urticaire, oubliez l’« unschooling». Une confiance totale dans la capacité de l’enfant à acquérir les apprentissages et à son rythme est nécessaire.
- La mise à disposition de l’enfant de toutes les ressources nécessaires aux apprentissages qu’il aura choisis. Ce n’est pas toujours évident. Aussi, je pense que le contact avec la nature est très important, surtout pour les jeunes enfants. Par ailleurs, cette approche peut nécessiter aussi de l’espace et de nombreux contacts extérieurs. Dès lors, déployer une approche d’apprentissages autonomes totale est plus difficile (mais pas impossible) à mettre en œuvre lorsqu’on habite dans une grande ville et dans un petit appartement par exemple où, de surcroît, l’accès à des espaces verts est plutôt limité.
Au regard des divers témoignages ou interviews de familles qui appliquent l’approche des apprentissages autonomes, j’ai remarqué que ce sont souvent des familles composées d’au moins un enseignant. Sans doute parce que l’enseignant est bien placé pour connaître les dysfonctionnements du système scolaire et leurs attentes.
Enfin, j’ai l’impression que beaucoup d’enfants de l’« unschooling » s’orientent vers des carrières artistiques, vers une reproduction des professions de leurs parents ou de leurs hobbies. En effet, le parent ou le guide constitue en quelque sorte une référence pour l’enfant.
Chaque enfant apprend différemment. Les parents ont aussi leurs propres aspirations, besoins et objectifs. C’est d’ailleurs ce qui fait toute la singularité d’une famille.
La ou les meilleures approches sont celles qui correspondent à la fois aux parents et à l’enfant dans un cadre bienveillant et respectueux que ce soit à l’école ou pas.
Ce qui n’est déjà pas forcément simple 😊.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Vous pouvez laisser un commentaire, si vous le souhaitez, en dessous de l’article.
Si cet article vous intéresse, n’hésitez pas à le partager sur vos réseaux sociaux !
Si vous souhaitez en savoir plus sur les apprentissages autonomes :
Livres :
John Holt – Les apprentissages autonomes – Comment les enfants s’instruisent sans enseignement – Aux éditions l’instant présent
Peter Gray – Libre pour apprendre – Aux éditions Actes Sud
André Stern – … Et je ne suis jamais allé à l’école – Histoire d’une enfance heureuse – Aux éditions Acte Sud
Vidéos :
Clara Bellar – Être et devenir : Faire confiance à l’apprentissage naturel des enfants
Erwin Wagenhofer – Alphabet
Bonjour, je crois qu’il y a un malentendu sur les apprentissages autonomes: les enfants n’apprennent pas seuls mais par eux-mêmes. C’est complètement différent. Pour pratiquer moi-même avec mes enfants: je trouve cette approche extraordinaire! Je pense qu’il faut le vivre pour le comprendre et lâcher ses craintes. Les enfants apprennent bien mieux sans nos théories pédagogiques qui sont bien moins efficaces que ce que la nature a prévu. C’est une approche tellement simple, peu gourmande en « recherche » (pas besoin de neurosciences), en préparations de tous genre (je pense aux enseignant): faire confiance et vivre. Une vrai révolution.
Bonjour Fabienne,
Merci pour votre commentaire.
On peut effectivement dire de façon plus pertinente que les enfants apprennent par eux-même dans une approche d’apprentissages autonomes.
Comme vous appliquez cette approche avec vos enfants, peut-être pourriez-vous, si vous le souhaitez, nous en dire plus : quel est l’âge de vos enfants? dans quel milieu habitez-vous (grande ville, petite ville, campagne,…)? Comment avez vous organiser leurs apprentissages ? Comment cela se passe-t-il ? Bref partagez votre expérience qui, j’en suis sure, devrait intéresser les lecteurs de jaimepaslecole.com.
Bonjour Fabienne,
Je trouve votre commentaire intéressant et cela me suscite même des interrogations.
Dans votre cas, vous laissez vos enfants apprendre par eux-mêmes sans rien programmer ni organiser par avance. Êtes-vous quand même soumise à l’obligation d’un contrôle pédagogique annuel tous les ans auquel vous devez justifier de résultats ?
Merci d’avance pour votre retour,
Florence
Merci pour votre intérêt. Mes enfants ont 7,5 ans et 4 ans. J’habite une petite ville de 20 000 habitants. Et je n’organise RIEN. On vit. En fait, nos journées ressemblent aux journées que passent tous les enfants avec leurs parents lorsqu’ils ne vont pas à l’école. Selon l’humeur, la météo, on reste à la maison ou bien on sort (promenades, amis, bibliothèque, piscine, ludothèque, parc…). A la maison, ils jouent énormément, bricolent, lisent, on cuisine, on coud, on jardine. Ils ont à disposition des jouets, des jeux de société, des livres (histoires, romans, encyclopédie, dictionnaires, documentaires, bricolage, couture, cahiers d’activités quelques uns scolaires finalement assez peu utilisés), l’ordinateur familial, et du matériel (peinture, crayon, ciseaux, papier, colle, scotch…). Ils fréquentent régulièrement des amis de tous âges. Ma grande lit de manière très fluide, de tout sans avoir suivi de méthodes d’apprentissage de la lecture (sauf les lettres rugueuses montessori quand elle a eu 3 ans avec lesquelles elle a joué un peu). Je reste disponible pour répondre à leurs questions et leur mettre à disposition du matériel selon leurs intérêt. De mon côté, j’ai lu maria montessori, john holt, peter gray, daniel greenberg et bien d’autres dont je m’inspire. Pour en savoir plus il y a ce livre écrit par deux chercheurs sur le sujet http://www.linstantpresent.eu/fr/apprendre/14-a-l-ecole-de-la-vie-unschooling.html ainsi que cet article sur les apprentissages autonomes: https://educationautonome.wordpress.com/2018/11/22/les-apprentissages-autonomes/
Bonjour!
Tout d’abord, je trouve cet article bien intéressant. Je me retrouve par contre davantage dans l’opinion plus atténuée de l’auteur de l’article.
Que l’enfant soit au centre de ces apprentissages, oui, mais avec un accompagnement et beaucoup de propositions! Peut-être parce que je suis enseignante de profession, mais à qui les programmes trop rigides donnent des boutons? (Hihihi)
Puis, je trouve intéressant le témoignage de Fabienne. Vous semblez vivre bien cette éducation et, tant mieux, si cela vous convient à vous et à vos enfants. Je trouve cela génial. :o)
Je me questionne par contre sur la possibilité d’apparition de certains “blocages” si l’enfant se retrouve dans un environnement où le “travail” et l’apprentissage ne sont pas des valeurs importantes pour les parents. (Et non Fabienne, je ne parle pas de vous!) Et si la recherche du plaisir est le seul objectif? Se crée-t-il un certain manque d’autodiscipline (et de procrastination) qui pourrait mener à d’autres problèmes à l’âge adulte?
Aucune méthode d’enseignement ou d’éducation n’étant parfaite, j’aime bien me poser des questions!
Je suis d’ailleurs en train de lire “Apprendre mieux pour les Nuls”, de Marie Joseph Chalvin.
Je vous recommande!
Au plaisir! :o)