Comment résoudre un problème de concentration ?


Parentalité positive/Bien-être des enfants /

Cet article est essentiellement basé sur le livre « J’apprends à penser, je réussis mieux » de José Racicot, orthopédagogue, formée à la gestion mentale d’Antoine de la Garanderie.  

Combien de fois avons-nous entendu : « mon enfant n’est pas attentif à l’école » ou « il a un problème de concentration » ? Leur attention, leur concentration, nous apparaissent, en effet, absolument indispensables pour le bon déroulement de leur scolarité et nous sommes bien souvent désemparés quand cette « fameuse » attention semble leur faire défaut, notamment à l’école.

Mais la concentration, cela se travaille ! Comme nous allons le voir dans cet article qui vous permettra de découvrir, si vous ne les connaissez pas déjà, quelques notions de base de la gestion mentale et du geste d’attention.

Un peu d’histoire…

La gestion mentale est certes moins « médiatisée » que Montessori ou les neurosciences mais pourtant, elle existe depuis les années 50 et a été développée par Antoine de la Garanderie, précurseur des sciences cognitives. De façon extrêmement résumée dans cet article, ce courant consiste à faire prendre conscience au sujet de ses habitudes mentales et à l’aider à les dompter.

Aujourd’hui, nous nous concentrerons sur les aspects susceptibles de résoudre un problème de concentration chez l’enfant.

Mais que signifie être concentré ou attentif ?

 Est-ce le fait d’être plus calme ? Motivé ? Ou est-ce parce que votre enfant regarde bien dans les yeux son interlocuteur, son maître ou sa maîtresse sans bouger ?…

L’attention selon les neurosciences :

Problème de concentration

« L’attention est le mécanisme de filtrage qui nous permet de sélectionner une information et d’en moduler le traitement ». Stanislas Dehaene

En premier lieu, il s’agit d’attirer l’attention sur le « bon niveau », qui permet à l’enfant d’être « mis en alerte ».

Lorsque votre enfant est concentré, il va sélectionner les informations qui sont pertinentes à ses yeux et occulter le reste. En second lieu, l’idée est donc, pour l’accompagnateur (en l’occurrence le parent ou l’enseignant), d’orienter l’attention. Vous remarquerez, par exemple, que les ouvrages remplis d’illustration et de couleur sont contre-productifs car ils n’aident pas à canaliser l’attention. Il faut être conscient que votre enfant ne peut pas se focaliser sur deux choses en même temps, nous non plus d’ailleurs.

Enfin, en troisième lieu, l’objectif est d’aider votre enfant à éviter un comportement indésirable comme faire autre chose, par exemple parler à son voisin en même temps. Ceci implique donc une « certaine » notion de discipline.

L’attention ou la concentration selon la gestion mentale 

 Comme je le disais tout à l’heure, la gestion mentale est une approche pédagogique pour aider tout un chacun à prendre conscience de sa propre façon d’apprendre. Et cela, grâce à l’évocation, c’est-à-dire grâce à la représentation dans notre tête de ce qui est perçu. Par exemple : je regarde une photo et je me dis que ce fût mes plus belles vacances :

  • Je regarde une photo : perception visuelle
  • Je me dis : évocation verbale (dans ma tête)

Les évocations sont des allers-retours entre ce qui est perçu (ce que me dit ou ce que me montre le professeur, par exemple) et ce qui se passe dans la tête de votre enfant.

La gestion mentale définit 5 gestes mentaux :

  • Comment « je fais » pour être concentré ? : le geste d’attention
  • Comment « je fais » pour mémoriser ? : le geste de mémorisation
  • Comment « je fais » pour comprendre : le geste de compréhension
  • Comment « je fais » pour réfléchir ? : le geste de réflexion
  • Comment « je fais » pour être créatif ? : l’imagination créative

Elle permet d’accompagner chaque enfant dans ses particularités.

Il y a donc deux notions distinctes : ce que votre enfant va apprendre et la manière dont il va s’y prendre pour apprendre.

Perceptions vs évocations :

 Le geste d’attention dépend de sa capacité à évoquer.

Sans évocations, il n’est pas possible d’apprendre.

Les objets de perception sont à l’extérieur de nous, tandis que les évocations sont à l’intérieur de nous, dans notre tête.

Des exemples de perceptions visuelles, auditives et kinesthésiques et des manières d’évoquer possibles.

Perception

Evocation

Perception visuelle-Problème de concentration

Visuelle :

Je regarde la photo d’une maison.

Visuelle : J’imagine visuellement la photo de la maison dans ma tête.

Auditive : J’entends mentalement la voix de ma mère qui décrit la maison.

Verbale : Je me décris mentalement la maison.

Kinesthésique* : Je me souviens de l’odeur de cette maison.

Perception auditive-Problème de concentration

Auditive : J’écoute un morceau de musique.

Visuelle : J’imagine visuellement l’endroit où j’ai entendu cette musique.

Auditive : J’entends la musique dans ma tête.

Verbale : Je fredonne l’air mentalement.

Kinesthésique* : J’ai les larmes aux yeux. Il me rappelle un bon souvenir.

Kinesthésique : Je sens l’odeur de poisson.Visuelle : J’imagine visuellement le poisson sur l’étal du poissonnier.

Auditive : J’entends dans ma tête le bruit des vagues.

Verbale : Je décris mentalement le poisson : sa couleur, sa forme, …

Kinesthésique* : J’ai des sensations au niveau du toucher. Je pense à la rugosité de la peau du poisson.

Kinesthésique* : sensations émotionnelles, physiques, odorat, toucher, goût, mouvement

Si vous faites un test avec votre voisin ou votre enfant, vous vous rendrez compte que vous ne fonctionnez pas forcément de la même façon. Cela peut expliquer la raison pour laquelle, par exemple, un de vos enfants comprend vos explications et l’autre non car il ne « fonctionne » pas comme vous.

Le projet de sens :

« Le projet de sens est l’orientation que l’on donne à notre pensée en fonction des gestes mentaux à accomplir et en fonction de ce qui nous anime ».

Se mettre en projet d’attention signifie avoir l’intention de regarder plutôt que voir et d’écouter plutôt qu’entendre. En d’autres termes, votre enfant se prépare à évoquer ce qui va être montré ou dit.

Sans le projet, l’activité perceptive et l’évocation, il n’est pas possible d’effectuer un geste mental.

Le geste d’attention

Comme vous apprenez des gestes à effectuer pour une action physique – comme, par exemple, l’apprentissage du ski – des gestes mentaux précis doivent aussi être effectués pour mobiliser son attention et apprendre efficacement.

Ainsi, expliquez à votre enfant qu’il peut voir, entendre ou se parler dans sa tête.

Par exemple, vous pouvez dire avant de lui montrer ou de lui faire écouter : « Ecoute ce que je vais dire, avec le projet de le réentendre, de le dire ou de le voir dans ta tête » ou « Regarde ce que je vais te montrer, avec le projet de le nommer, de le décrire, de l’entendre ou de le revoir dans ta tête. »

En d’autres termes vous préparez votre enfant à mobiliser son attention avant la lecture ou l’écoute de la consigne.

Le geste d’attention implique :

  • La préparation: votre enfant a le projet de faire exister dans sa tête ce qui est perçu (une image, un texte, ou autre) avec ses sens.
  • La construction de l’évocation: Regarder, écouter, toucher, sentir, goûter
  • La vérification : Votre enfant vérifie que son évocation est conforme à ce qui lui est présenté en perception
  • La conservation : l’objet perçu est conservé dans la tête de votre enfant.

Les habitudes mentales :

Certains enfants vont être attentifs si vous leur présentez un support dans la même forme que celle de leur évocation. D’autres enfants ont des évocations mixtes c’est-à-dire visuelles, verbales et/ou auditives. Ces enfants-là ont plus de facilité à s’adapter à diverses situations. Comme je l’ai montré dans le tableau ci-dessus, les objets de perceptions et les évocations peuvent être très diverses.

Le fait de prendre conscience de ces différentes possibilités peut vous aider et aider votre enfant à élargir sa palette d’évocations et par conséquent à s’adapter aux différentes formes de support qui lui sont présentés. Ce qui est efficace pour soi, ne l’est pas forcément pour votre enfant, d’où l’importance de s’adapter et de ne pas rester figer dans un type de fonctionnement.

Evitez de mettre des étiquettes ou de faire des diagnostiques du type : il est « visuel », celui-là « auditif ». L’idée est de mieux comprendre son fonctionnement et de l’élargir à d’autres possibilités.

Les causes possibles des problèmes de concentration :

  • Ne pas savoir quoi faire pour être attentif
  • Apparition d’évocations émotives et paralysantes
  • Difficulté pour le parent ou l’enseignant de s’adapter à la façon de « penser » de l’enfant
  • Des enfants évoquent sur la volonté d’être attentif et non pas sur le support d’apprentissage en question

Voici, à présent, quelques conseils pour favoriser l’attention de votre enfant ou rebondir si vous identifiez chez lui des difficultés d’attention.

Exemples de problèmes de concentration ou d’attention et comment les résoudre :

Les distraits-Problème de concentration

  • Les distraits :

Votre enfant évoque le mauvais objet de perception. Par exemple, il a du mal à comprendre un film parce qu’il ne se focalise pas sur le dialogue mais sur le décor.

La solution, dans ce cas, pourrait être, par exemple, de se cacher les yeux de temps à autre, pour l’aider à évoquer sur le dialogue.

Cela peut être aussi utilisé en classe où l’enfant peut fermer les yeux pour mieux se concentrer sur le discours de l’enseignant.

  • Les évocations par association :

Votre enfant évoque sur autre chose qui n’est plus en lien avec l’objet initialement présenté.

Par exemple votre enfant assiste à un cours de géographie, puis pense à son livre qui n’a pas été couvert. Il s’imagine en parler à sa mère et perd complètement le fil du cours.

Dans tel cas vous pouvez, par exemple, choisir avec votre enfant un objet qu’il posera sur son bureau et qui lui rappelle de rester focalisé sur le sujet en question.

  • Les évocations paralysantes ou bloquantesEvocations bloquantes-Problèmes de concentration

Votre enfant s’obstine à lire la consigne et n’arrive pas à résoudre le problème. Peut-être qu’il n’arrive pas à traduire avec ses mots ou ses images.

Vous pouvez l’aider à prendre conscience de ses activités mentales et lui demander, par exemple, de s’imaginer comme acteur ou narrateur du problème à résoudre. Le fait d’être « acteur » pourra l’aider à prendre confiance.

  • Les évocations hâtives

Votre enfant veut produire au plus vite. L’important est d’avoir un produit fini. La qualité est accessoire.

Vous pouvez proposer à votre enfant de jouer le rôle de spectateur ou d’auditeur dans ses évocations qui lui permettront en quelque sorte de prendre de la distance.

  • Evoquer la volonté

Votre enfant se répète sans cesse : « Il faut que je sois attentif, il faut que je sois attentif… »

Si vous dites à votre enfant que pour être attentif, il faut avoir le dos droit et vous regarder dans les yeux, celui-ci évoquera sur sa posture et son regard plutôt que sur l’objet de perception.

Evitez de culpabiliser votre enfant sur son absence d’attention car vous risquez d’obtenir l’inverse du résultat escompté.

Favoriser l’attention ou la concentration :

Pour faire naître l’évocation, votre enfant fait des allers-retours entre l’objet de perception et sa conscience. Pour cela, il doit tourner son regard vers un objet d’inattention. C’est à ce moment-là que l’évocation prend forme. Il peut s’agir d’un regard porté sur la fenêtre ou la manipulation d’un objet par exemple…

Aussi, laissez-lui le temps nécessaire sans l’interrompre. Votre enfant peut vous dire qu’il ne sait pas au lieu de prendre le temps. Vous pouvez l’aider en lui posant des questions comme ce qu’il en pense et la manière dont il opère pour aborder la consigne.

Pour un enfant qui est plutôt à dominante visuelle, encouragez-le à faire un schéma ou un dessin de ce qu’il entend lors d’un discours. Pour un enfant à dominante auditive, incitez-le à raconter ce qu’il voit.

Quoi qu’il en soit votre enfant doit prendre conscience de son projet d’évocation ou faire exister mentalement l’objet de perception.

Ainsi avant toute présentation d’un schéma ou lecture d’un texte, aidez votre enfant à se mettre en condition en lui disant par exemple de se préparer à regarder ce qu’il va voir et écouter ce qu’il va entendre. Ce peut être par des images qu’il imagine, une voix ou sa propre voix qu’il entend dans sa tête.

Donc pour résumer de façon simplifiée, pour favoriser l’attention et résoudre un problème de concentration chez un enfant :

  • Identifier le ou les modes de perception et d’évocation privilégiés de votre enfant,
  • Elargir, si besoin, la palette d’évocation en lui faisant expérimenter les autres modes.

L’attention est la condition essentielle pour apprendre. Elle va, notamment, favoriser la compréhension et la mémorisation. C’est donc une donnée clé pour une scolarité réussie. Et puis, un enfant, qui retient bien en classe, mettra moins de temps à réviser, à faire ses devoirs. Il aura donc plus de temps pour jouer, s’amuser, s’épanouir et n’est-ce pas ce que toutes et tous nous visons pour nos enfants ?

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